Gaïa, solidarité des profondeurs : un demi-siècle de secours spéléo raconté en images

Dans les rassemblements spéléos, cela va « du jeune pratiquant néophyte au vieux spéléo qui a tellement d’arthrose qu’il ne peut plus descendre sous terre » nous raconte Bertrand Rocourt. A la 3SI, Spéléo SecourS Isère, les générations communiquent entre elles pour faire vivre cette association indispensable. L’association a fêté ses 50 ans en 2020. Dans « Gaïa, solidarité des profondeurs », Bertrand Rocourt dépeint un réseau de bénévoles  soudés, des aventures humaines et une histoire transgénérationnelle.

« Parole de réal » avec Bertrand Rocourt, réalisateur de Gaïa, solidarité des profondeurs, un film soutenu par le FODACIM.

Gaïa ne fait pas partie de vos projets habituels, quel est votre parcours ?

J’ai fait un master cinématographie en école de cinéma à Londres (NFTS, National film and Television school). Depuis, j’exerce en freelance en tant que chef opérateur sur une palette de projets assez large : de la fiction, de la publicité, du clip et du cinéma d’animation en stop motion.

De chef op’ à réalisateur, comment vous-êtes vous retrouvé à réaliser Gaïa ?

La 3SI pour ses 50 ans voulait faire un film sur la spéléo. Ils avaient beaucoup d’idées et pas mal d’envies pour marquer le coup car c’est un anniversaire important. Ils m’ont contacté à ce moment là pour faire un film car je suis aussi spéléologue et j’ai grandi dans ce milieu. J’étais partant dès le départ, parce que je fais partie de l’association et que ça m’intéressait aussi de pouvoir apporter une modeste contribution à la vie de l’association et marquer cet anniversaire.

Comment avez-vous sélectionné les histoires racontées dans le film ?

J’avais déjà des événements clés qui me paraissaient importants à mettre dans le film.
Mais je ne voulais pas faire un film chronologique. Il y a peu de dates dans le film parce
que je voulais que le fil conducteur soit l’aspect humain car c’est ce qui fait le ciment de
cette association.

A mi-chemin dans le tournage, je me suis demandé comment j’allais m’en sortir. Parce que tout est tellement riche, j’aurais pu faire un film sur un seul des personnages qui apparaît dans le documentaire ! L’idée d’avoir des chapitres dans le film a permis de débloquer la situation et de regrouper certaines thématiques. Malgré ce découpage, je voulais qu’il y ait quand même un fil conducteur général dans la production.

Est ce que la 3SI vous a aidé dans le choix des récits racontés ou c’était une vraie carte blanche ?

Connaissant très bien les anciens de la 3SI, j’ai pu m’appuyer sur leur vision des choses,
pour savoir ce qui était vraiment important de raconter. C’était un mélange de liberté et de certaines choses clés dont l’association voulait parler mais ne savait pas forcément
comment. Il fallait aussi que je parle de l’association mais sans savoir sous quel angle.
L’idée n’était en tout cas pas du tout de faire un film institutionnel.

Pour illustrer les histoires plus anciennes, vous avez utilisé des archives de l’INA dans le film.

Un gros travail de recherche a été fait dans la bibliothèque de l’INA, avec l’aide d’autres personnes de l’association. Ensuite, le film a été tourné dans un format proche du 4:3 volontairement pour qu’il y ait peu de différences visuelles entre les images d’hier et d’aujourd’hui. Le film est fait de telle sorte que les images d’archives et les images d’aujourd’hui communiquent entre elles.

Filmer sous la terre, ça doit être une sacrée préparation !

Puisque je connais le type d’exercices de la 3SI, je savais à peu près quelles images je pouvais faire mais la difficulté du tournage c’est qu’on tourne dans un milieu hostile pour le matériel avec de l’humidité, de la poussière, des étroitures.
Une autre spécificité du tournage sous terre c’est l’absence totale de lumière. Sous terre, c’est le noir absolu, sans leurs éclairages, les spéléos ne voit pas leurs mains à 2cm devant leur visage ! Je ne voulais pas que le film paraisse éclairé. Toutes les sources de lumière utilisées dans ce film ce sont les éclairages des spéléos pour que l’image retranscrive au maximum ce qu’on vit sous terre en tant que spéléo.

Le film sort à l’occasion des 50 ans de l’association 3SI, pensez-vous qu’il pourra intéresser un public plus large que les spéléologues ?

Je voulais éviter d’avoir un film spéléo pour les spéléo. Une image que peut avoir le grand public des spéléos ce sont des personnes qui enfilent des combinaisons crasseuses pour aller sous terre et ressortir encore plus crasseux. On peut se demander l’intérêt de cette pratique. Le film met les valeurs humaines, la solidarité et les histoires en résonance avec la beauté du milieu souterrain, la dimension de découverte.

Gaïa, Solidarité des profondeurs. 38′ En savoir plus sur le film

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