« Parole de réal » avec Dorothée Adam, réalisatrice de L’or bleu des alpes : Un bien menacé, un film soutenu par le FODACIM.
Oui, j’étais dans une école de commerce, et pendant une année de césure, j’ai fait un tour du monde sur le thème du développement durable, pendant lequel j’ai beaucoup filmé. Au retour, j’ai compris que c’était ce que je voulais faire. Après une formation en réalisation documentaire, je me suis spécialisée dans les films sur l’environnement, l’enfance et la solidarité. Suite à plusieurs expéditions en Arctique, j’ai créé la série documentaire « Inua, l’âme du pôle », qui mêlait images vidéos et animation. C’est devenu ma patte. Et puis en 2012, on m’a proposé de suivre la campagne du candidat à la présidentielle François Hollande. Suite à son élection, je suis devenue réalisatrice officielle de l’Elysée ! J’ai suivi le président de la République dans le monde entier et réalisé entre autres des documentaires sur les coulisses du palais présidentiel.
Après cette expérience très particulière, comment as-tu rebondi ?
J’ai tout de suite eu envie de refaire des documentaires sur l’environnement. J’ai créé une société de production qui s’appelle Inuaprod, spécialisée dans les contenus à « impact positif ». En 2018, j’ai accompagné l’expédition scientifique Polar Quest, organisée à l’occasion des 90 ans du crash d’un dirigeable italien au Spitzberg. J’ai aussi accompagné des expéditions scientifiques à bord du voilier Nanuq au Groenland. C’est là que j’ai rencontré Frédéric Gillet, un ingénieur qui a notamment réalisé sur place des échantillonnages de micro-plastiques. Frédéric Gillet que l’on retrouve dans L’Or bleu des Alpes.
Après la mission en Arctique, Frédéric Gillet, qui dirige l’association Aqualti, a décidé de prolonger cette recherche sur les micro-plastiques dans les lacs alpins. Je l’ai accompagné tous les ans pour ces prélèvements. Puis le projet s’est élargi avec l’idée de faire des relevés au sommet du mont Blanc et au niveau des exutoires de chaque glacier du massif. Le tout sur une durée très courte de cinq jours pour pouvoir comparer les résultats, et avant le début de la haute saison de randonnée et d’alpinisme. Nous avons donc tourné en juin 2021. Je n’avais pas encore de diffuseur mais j’ai pu démarrer quand même, grâce à la confiance de la société de production Lucien TV.
Comment s’est passé ce tournage en haute montagne ?
J’avais déjà réalisé des tournages assez physiques en milieu polaire, mais pour gérer l’altitude, j’ai dû m’entraîner et même consulter un médecin du sport. Les scientifiques devaient aller vite pour réaliser leurs relevés tout autour du massif, et moi je devais les devancer ! Heureusement, un partenariat nous a permis d’avoir des vélos électriques, bien utiles à certains endroits ! J’étais équipée d’une caméra légère et de mon drone. Pour le sommet du mont Blanc, c’est Bertrand Delapierre, réalisateur très habitué à la haute altitude, qui a fait les images. Et avec le cadreur Nicolas Zimmerman, j’ai aussi tourné des séquences plus bas dans la vallée, jusqu’à Chambéry, pour suivre tout le cycle de l’eau et permettre aux spectateurs de se sentir concernés.
Oui j’ai pu travailler pendant plus d’un mois avec un monteur, cela a permis au film d’évoluer. J’ai même tourné des séquences complémentaires alors que le montage était commencé. Nous avons aussi fait réaliser une musique originale par la compositrice Claire Mazard au fur et à mesure du montage.
Ces constats ont un côté décourageant, mais j’adore la montagne et je pense qu’en mettant en valeur un territoire, en créant de l’émerveillement, c’est comme ça qu’on protège le mieux. Même si la tendance générale est inquiétante, j’essaie de passer le relais entre le monde des scientifiques et le grand public.
L’or bleu des Alpes : Un bien menacé, 52min – En savoir plus sur le film