La Réunion, ses plages, ses paysages et son soleil… Dans Basalt Island, Benoît Regord et Albéric Lemercier montrent un autre visage de l’île : une destination grimpe pas comme les autres. En effet, l’île regorge de blocs renommés mais aussi de falaises atypiques ! Des orgues basaltiques nouvellement équipés aux blocs de très haut niveau grimpés par Oriane Bertone, laissez-vous embarquer dans un voyage sur cette île aux qualités insoupçonnées.
« Paroles de réal’ » avec les réalisateurs Benoît Regord (Air Libre Prod) et Albéric Lemercier (moniteur d’escalade et de canyon à La Réunion pendant plusieurs années).
Benoît, le film documentaire ce n’est pas votre métier à la base. Est-ce que le succès d’Escalade Libérée a été une motivation pour vous relancer dans un nouveau projet de film ?
Benoît : En effet, j’ai une boite de production, Air Libre Prod, avec laquelle je fais des films touristiques, institutionnels, promotionnels avec une spécialisation drône. Je travaille notamment beaucoup avec les tv, pour des fictions par exemple. L’Escalade Libérée était mon premier documentaire personnel et cela faisait un moment que j’avais envie de faire ça. Albéric était venu me filer un coup de main sur L’escalade Libérée et on avait envie de faire un autre documentaire. Puis un jour, Albéric est venu me voir avec des photos de falaise en disant « C’est bon, on fait un film là-dessus » !
Parlez-nous de ces photos qui ont été le point de départ du projet.
Albéric : Le sujet est arrivé un peu comme une blague, autour d’une photo reçue par des amis et des falaises nouvellement équipées à La Réunion. Le Covid a eu cet effet positif de pousser les grimpeurs de La Réunion à aller équiper des falaises pour avoir de nouvelles voies étant donné qu’ils étaient confinés sur l’île. D’habitude, ils vont grimper à l’étranger, à Madagascar ou en Afrique du Sud. Quand j’ai reçu des images de ces orgues basaltiques qui sont vraiment emblématiques et caractéristiques de la géologie de l’île, je les ai trouvées très esthétiques.
Benoît Regord : C’est une falaise [Bras de la Plaine, visible dans le film] noire de basalte, avec des orgues basaltiques qui sortent. Les photos sont assez impressionnantes. A partir de là, on s’est dit que ce sont des lieux qui doivent être montrés et filmés. Alors pourquoi ne pas en profiter pour montrer l’ensemble de ce qu’est l’escalade à La Réunion et raconter une partie de l’histoire de la grimpe à La Réunion.
Quel est votre but avec ce film ?
Albéric : Quand on vient à La Réunion, on pense à faire de la randonnée, de la plongée mais pas forcément à grimper parce qu’il fait chaud, humide. L’un des objectifs du film est d’inviter les gens qui viennent à La Réunion à grimper. Et puis, la majorité des réunionnais ne sont quasiment pas au courant de l’escalade sur l’île et du niveau atteint par les grimpeurs de l’île. Donc j’aimerais bien qu’un jour le film soit diffusé à La Réunion sur une chaîne réunionnaise pour que les habitants prennent conscience de ce qu’il se passe chez eux en terme d’escalade. On avait aussi envie de présenter des gens de l’île qui se sont formés à l’escalade, pour aussi montrer que ce n’est pas qu’un sport de métropole.
Benoit : On a également voulu représenter la Réunion telle qu’elle est. La diversité des paysages est étonnante et on passe parfois d’un endroit tropical à une zone qui ressemble aux Alpes pour arriver
vers le volcan, presque lunaire. J’avais envie aussi à travers ce documentaire de montrer cette diversité et donner envie à un large public de voir le film.
Justement, les paysages sont magnifiques mais à quoi ressemble concrètement l’escalade à La Réunion ?
Albéric : La Réunion, ce n’est pas une île faite pour l’escalade à la base : le basalte ça glisse beaucoup, il fait chaud, humide. Les conditions ne sont pas forcément celles auxquelles un grimpeur peut s’attendre et pourtant il y a une grosse communauté active avec du haut niveau, même en compétition. Par exemple, la falaise Bras de la plaine, c’est un endroit avec un accès difficile, il faut marcher 1h pour arriver au pied des voies. Il y a beaucoup de voies mais c’est très sportif. Les jeunes adorent ça car c’est typé compétition et athlétique.
Est-ce qu’il y a encore des falaises à découvrir là-bas ?
Albéric : Il y a encore beaucoup de falaises inexploitées mais celles exploitables en terme de qualités de rochers ne sont pas si nombreuses. Il y a beaucoup de rochers mais souvent de qualité médiocre. Maintenant, pour aller chercher les bonnes falaises, ce sont des accès qui vont devenir plus compliqués. On a équipé ce qui est le plus facile d’accès pour permettre au plus grand nombre de pratiquer. Mais tout cela donne un nouveau souffle à l’escalade sur l’île car il y a énormément de bloc et les falaises sont difficile à aller chercher.
Donc à La Réunion, ça grimpe et bien !
Albéric : Depuis une vingtaine d’année, La Réunion organise quasiment tous les ans une épreuve de championnat de France de Bloc. Au niveau fédéral il y a un vrai projet d’aller au-delà du pôle espoir, qui a de beaux résultats en compétition et qui montre le potentiel des clubs de La Réunion. On voit dans le film Oriane [Bertone] qui était sur la Coupe du Monde à 15 ans chez les adultes et qui est arrivée seconde sur une épreuve du championnat du monde de bloc à Séoul [du 6 au 8 mai 2022]. J’ai voulu essayer de comprendre pourquoi cette petite île isolée qui n’avait rien pour plaire en terme d’escalade avait une telle réussite !
Ce film a reçu le soutien du FODACIM.